Pour JM Schaeffer, l’expérience esthétique, qu’il délie de l’oeuvre d’art, peut être
vue comme un mode de relation avec le monde. Trois dimensions la caractérisent et
la distinguent d’autres formes d’expériences :
>>> attentionnelle (i.e. l’attention portée au monde)
>>> émotive (i.e. l’évaluation des événements qui surviennent et nous affectent)
>>> hédonique (i.e. notre façon de nous y sentir)
Ces critères esthétiques pourraient-ils, mis à l’épreuve du travail, se révéler
pertinents pour redonner de la consistance à ce dernier ? Pourraient-ils être aussi
sensés que des critères économiques, de performance, de normes sociales, de
reconnaissance, de pouvoir, etc. ?
Pourrait-on aller jusqu’à envisager de faire du travail une expérience esthétique
comme fin en soi ? Et questionner ainsi l’opinion répandue que le travail est un
moyen de s’assurer une existence agréable, de s’offrir d’autres expériences
(esthétiques, parfois, d’ailleurs). Travailler pour vivre en somme. Et si nous
aspirions à vivre en travaillant ?
Imaginons une thèse pour mettre en évidence et rendre à nouveau saisissable
l’expérience de travail sensible, attraper ce qui échappe au formalisme cognitif, lui
laisser du jeu pour exister esthétiquement et tenter de limiter les phénomènes de
dissolution individuels et collectifs. Retrouvons du sens grâce aux sens.